Les racines mentales du décideur

Le propre d'un décideur, entrepreneur ou manager est de prendre des décisions. Or qu'il soit, autodidacte ou de formation ingénieur, universitaire ou école de commerce, pour que ses décisions soient consistantes, le décideur a tout intérêt à puiser ses ressources intellectuelles dans le terreau culturel produit par tous ceux qui ont cherché à comprendre le comportement humain dans son environnement.
La première racine est celle du paradigme de la complexité règle dominante de la nature et donc du vivant, cadre conceptuel qui consiste à voir le monde comme un réseau de processus interdépendants et repose sur la dynamique plutôt que le statique, le changement plutôt que la fixité.

La seconde racine concourt à domestiquer l'incertitude. "On mesure l'intelligence d'un homme à la mesure d'incertitude qu'il peut supporter" (1) . Face à des situations dont l'issue est difficilement prévisible il convient malgré tout de parier sur la moins mauvaise des hypothèses car "Oser, c'est perdre pied momentanément. Ne pas oser, c'est se perdre soi-même." (2)

Puis vient la troisième racine qui aide le décideur à comprendre la richesse des contraires, comme préconisé déjà par Héraclite évoquant la fonction régulatrice des contraires. Pour C. Jung "Tout ce qui est vivant est énergie et par conséquent repose sur la tension des contraires." Constat repris par Edgar Morin pour qui "la contradiction joue un rôle essentiel. Toute réalité est un jeu de contradiction." A ce niveau, pourquoi ne pas suivre le conseil de Bergson "penser en homme d'action; agir en homme de pensée".

La racine suivante contribue à penser et agir dans une perspective à 360°. Nous pensons et agissons en fonction de notre vision du monde, fruit de nos prédispositions comportementales et donc de notre personnalité. En conséquence, nous avons tendance à nous focaliser sur certains aspects tandis que nous nous détournons plus ou moins inconsciemment d'autres qui peuvent avoir une incidence néfaste sur notre arbitrage. D'où la nécessité de s'imposer une méthode de réflexion qui rééquilibre nos penchants naturels.

Autre racine, celle qui nous incite à anticiper les conséquences de nos décisions suivant le principe même du pharmakon à la fois remède et poison. Car si une décision est orientée la plupart du temps vers un but bénéfique, elle peut générer des situations pernicieuses si l'on n'y prendre garde. "Il est dans l'ordre des choses que jamais on je cherche à éviter un inconvénient sans tomber dans un autre" prévenait Machiavel.

La dernière racine favorise la perfection de nos actions : proscrire le superflu. Cela consiste à raser le surabondant, l'excédent, l'inutile, le redondant et à se concentrer sur l'essentiel, l'important, l'indispensable. Dans un objectif à la fois économique et esthétique : dire et faire le plus possible au moindre coût avec le maximum d'efficacité. On atteint l'excellence quand « il n'y a plus rien à ajouter, et qu'il n'y a plus rien à retrancher » selon Antoine de Saint-Exupéry.

Bref, la sève qui provient de ces racines va vivifier la personnalité de l'individu et enrichir sa perception de la réalité du monde. Elle sécurise ses décisions.

(1) Emmanuel Kant, (2) Søren Kierkegaard
 
C'est l'objet du référentiel RADHAR présenté dans le livre à venir Miroir et radar, une optique nouvelle du souci de soi, sous-titré : La carte mentale inspirante éclairée par la lumière des philosophes, véritable guide de travail personnel émanant du génie de penseurs qui par des approches différentes contribuent à comprendre l'humain.